"...me revoilà ; je suis de retour du futur !"
Le blog fait son grand retour après quelques mois d'absence... L'année 2021 fut intense et riche d'évènements qui m'ont quelque peu accaparé. Mais je ne t'ai pas oublié pour autant et je reviens avec plein d'idées d'articles.
Je me remets donc le pied à l'étrier avec une toute nouvelle rubrique qui a pour but de te faire découvrir les livres qui alimentent, d'une manière ou d'une autre, mon inspiration.
Alors, à toi, ancien ou nouveau venu, je te souhaite la bienvenue dans :
Prenons quelques instants pour retourner dans le passé, le 23 février 2021 plus précisément : je publiais un article pour le bicentenaire de la parution française de "Frankenstein ou le Prométhée moderne" de Mary Shelley.
Si tu souhaites relire ou découvrir cet article, cliquez ICI.
Et bien, nous sommes en février 2022 et je vais te présenter une bande dessinée adaptant, avec maestria, le récit de Shelley. Il m'était donc inconcevable de te laisser passer à côté de ce bijou.
Alors si tu es fan du noir et blanc, tu vas devenir raide dingue de cet ouvrage ! Mais si tu es plutôt couleur, ne rebrousse pas chemin car tu ne sera pas déçu(e) par cette épopée extraordinaire.
Ce superbe ouvrage existe en deux versions :
MARY SHELLEY FRANKENSTEIN de Georges BESS :
Relié
208 pages
Editeur : Glénat BD
Langue : français
Publication : 24 novembre 2021
Dimensions : 21.5 x 2.2 x 29.3 cm
Prix : 25.50 €
MARY SHELLEY FRANKENSTEIN de Georges BESS :
Edition Prestige - Broché
208 pages
Editeur : Glénat BD
Langue : français
Publication : 1er décembre 2021
Dimensions : 27.5 x 2.4 x 36.8 cm
Prix : 39.00 €
(Tu trouveras les deux versions dans toutes les bonnes librairies mais si tu préfères, tu peux les commander en cliquant sur les images).
QUI EST GEORGES BESS ?
Georges Bess se fait d'abord un nom en Scandinavie et aux États-Unis. En jouant les remplaçants de luxe auprès de tout ce que la Suède compte de dessinateurs, il se façonne, comme il le dit lui-même, une main de "mercenaire", capable dans tous les styles de surpasser ses modèles. Fort de cette technique multiforme, il collabore à la version scandinave de Mad. De 1977 à 1987 il dessine les histoires du Phantom, fameux héros masqué bataillant contre les forces du Mal. Il rentre à Paris en 1987, où il rencontre Alejandro Jodorowsky, qui lui propose rapidement d'illustrer l'histoire du Lama Blanc. Ensemble, ils signent d'autres séries majeures : Anibal 5, une version androïde, obsédé sexuel et explosif de James Bond en 1990, Juan Solo, tueur sud-américain en 1994, récompensé par l'Alph'art du meilleur scénario au festival d'Angoulême. En 1998 il publie son premier album en solo, dont il rêvait depuis longtemps : Escondida. Suivront d'autres magnifiques albums : Bobi, Péma Ling, Lééla et Krishna, diptyque imprégné de son amour pour l'Inde. Amour qui se manifestera une nouvelle fois avec la parution de la série Le Vampire de Bénarès (Glénat) et du recueil Incredible India (Vents d'Ouest). En 2019, Glénat édite son adaptation en noir et blanc du roman épistolaire Dracula de Bram Stoker. La BD est sélectionnée au FIBD d'Angoulême l'année suivante. En 2020, Bess revient à la science-fiction est signe le premier tome du diptyque Amen dont le deuxième opus sort en 2021. Réside à Paris.
Dans ce XIXe siècle d’innovations techniques et de révolution industrielle, la littérature anglaise a produit des figures fantastiques iconiques qui sont toujours vivantes aujourd’hui. C’est le cas du Frankenstein de Mary Shelley et de son héros au destin tragique. Un proscrit rejeté de tous et en premier lieu par celui qui le façonna. De son délire narcissique est né un être colossal et effrayant qui témoigne de sa capacité à aimer, de son besoin de se relier et qui est condamné à la solitude, à la souffrance, à l’incompréhension et au rejet. Car cette « chose » innommable, cette monstruosité, à qui la postérité donnera le nom de son créateur, est un agglomérat de cadavres auquel Victor Frankenstein a donné la vie.
Clique sur l'image ci-dessous pour accéder à la visionneuse des Editions Glénat :
MON AVIS :
Tout d'abord, il est essentiel de parler de la différence entre les deux versions qui ne tient pas seulement dans son prix. Si le nombre de pages est identique et que le contenu est rigoureusement le même, quelques points peuvent, peut-être, faire pencher la balance.
Je me suis donc retrouvé moi-même devant ce cruel dilemme : lequel choisir ?!
Comme souvent dans ces cas là, un petit angelot avec mon visage souriant me conseilla de choisir l'édition normale tandis que le petit démon qui ricanait en se frottant les cornes m'ordonna d'acheter l'édition prestige.
Pendant de longues heures... minutes... oui bon, au bout de quelques secondes, mes mains se saisirent du plus grand des deux et le serrai contre moi au cas où quelqu'un voudrait me le subtiliser pendant mon périple jusqu'à la caisse. Le voyage fut interminable et je compris, en brandissant ma bande dessinée devant la vendeuse médusée, ce qu'avait ressenti Frodon face à la montagne du Destin...
Pour faire court, l'édition prestige est grande, très grande même (par rapport à une bd normale, c'est l'inspecteur Harry face à Joséphine ange-gardien)... Alors si tu aimes te lover dans ta couette et tenir ton livre d'une main sans risquer une tendinite au poignet, tu peux tout de suite sélectionner le relié ou appeler Georges Bess et Glénat pour savoir s'ils ont l'intention de sortir une version "poche". Car, très grand avec 208 pages et une couverture rigide, ça pèse un âne mort... (Cela dit je n'ai jamais peser un âne mort... ni même un vivant d'ailleurs... et toi ?).
En revanche, la couverture rigide est tout bonnement magnifique avec une illustration spécifique couleur argent à effet miroir (c'est la classe à Dallas quand même).
Ensuite, la différence se fait sentir au niveau de la qualité du papier glacé qui donne un rendu unique aux illustrations. Et, pour finir, la taille des dessins offre une vision aussi précise qu'incroyable des minutieux petits détails du travail de Georges Bess. Pour autant, je ne dénigre pas la version normale qui est tout de même très qualitative.
Reste à parler du tarif car, comme souvent, il s'agit d'un critère primordial à l'heure de clôturer son choix. 25.50 € pour l'édition "relié", cela représente déjà un joli budget pour une bande dessinée ; mais les 39.00 € de l'édition "broché" risque carrément de faire exploser la tirelire. Toutefois, si c'est une sacrée somme, le résultat est largement à la hauteur de l'investissement. Pour ma part, depuis que je me suis offert le monstre à Noël, je l'ai déjà relu 3 fois et chaque jour, je regarde quelques pages simplement pour admirer. Donc tu l'auras compris, quoi que tu choisisses, tu n'auras pas rendez-vous avec la déception.
Côté scénario, l'histoire est aussi fidèle au roman que Scoubidou à un bon gros sandwich, ou Rintintin à la jambe de Rusty, ou Robin au cuir moulant de son costume...
Bien sûr, il s'agit tout de même d'une adaptation donc "exit" l'introduction sous forme de lettres expédiées par Robert Walton à sa soeur (Pétunia... Physalis... non Marguerite !) mais plutôt de son carnet de bord de capitaine en expédition au Pôle Nord. Ce dernier recueille un homme, proche de la mort, qui raconte être à la poursuite d'une créature malfaisante. Cet étranger est bien évidemment le docteur Victor Frankenstein ! (Pour les néophytes, on associe, à tord, le nom Frankenstein à la créature alors qu'en réalité, elle n'en a pas... de nom).
On retrouve donc, tout au long du récit, toutes les thématiques chères à Miss Shelley et il faut reconnaître que Georges Bess retranscrit avec justesse l'esprit naïf et enfantin de la créature livrée à elle-même dans un monde inconnu, violent et régit par les apparences (et heureusement que les réseaux sociaux n'existaient pas à l'époque). A l'instar de ma première lecture du roman, ma gorge s'est nouée à plusieurs reprises face à l'injustice et aux déferlements de haine qui vont s'abattre sur cet être disproportionné. Le monstre ne serait-il pas une créature bien plus humaine que l'homme lui-même ?
Bon je ne veux pas trop en dévoiler et je préfère te laisser le plaisir de la découverte car il s'agit bien d'un conte philosophique très respectueux de l'œuvre initiale qui t'offrira de belles heures d'aventure et de questionnements parfois métaphysiques !
Côté illustration, on n'a pas à faire à un débutant et le résultat est tout simplement époustouflant. Un noir et blanc intense et ultra contrasté viennent enrichir aussi bien le gigantisme de la créature que des décors majestueux et parfois même oniriques.
La précision chirurgicale de la mise en exergue des détails, dans des masses entières de blanc ou de noir parfois même sur une double page, est juste époustouflante (c'est là que je ne regrette pas d'avoir craqué sur l'édition prestige).
Quant à la créature si magistralement représentée dans son gigantisme, dantesque force de la nature construite à partir de morceaux de cadavres a été l'objet de toutes les attentions. Tant d'humanité et de sentiments exacerbés transparaissent de ce corps et de ce visage toujours envahis par les ombres de l'encrage. Comme si l'apparente laideur devait s'effacer face à la profondeur des sentiments. Il y a autant à dire de Victor dont les yeux entièrement sombres révèlent pourtant la passion qui se mut en folie puis en haine de sa progéniture.
L'illustrateur de génie sait exactement, sous une apparente facilité, ce qui doit disparaître et ce qui doit surgir au premier regard afin que chaque planche, à elle seule, soit une histoire, un mystère à découvrir et une énigme existentielle à résoudre.
Voilà ce 1er article de la rubrique "ça sent le book !" arrive à son terme après un avis personnel et tout à fait subjectif. Je suis conquis et d'écrire sur le sujet me donne juste envie de le relire ! Donc, je file m'enfermer quelques heures dans ma bibliothèque et te dis à la prochaine fois sur le blog. Si ça t'a plu et que tu le souhaites, il n'est pas impossible que je revienne te parler de la bd précédente "Dracula" de Georges Bess. Surtout, n'hésite pas à me laisser un petit commentaire pour me dire ce que tu penses et si tu as aimé ce livre... A très bientôt !
Enjoy!
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“... ils avaient néanmoins l'air toujours un peu triste ! Ils possédaient pourtant, à mes yeux, une charmante maison, un feu pour se réchauffer, de quoi se nourrir, des vêtements... Toutes choses enviables pour un pauvre hère tel que moi ! Et surtout, ce lien qui les unissait et qui me renvoyait cruellement à ma propre solitude...” de la créature.
Un réel plaisir de te retrouver et de te lire avec ce nouveau blog !!! J’avoue que je suis conquise par ton descriptif et les illustrations d’une puissance inouïe